Sacha, Montpelliérain d’origine serbe est parti à la découverte d’un stade peu commun. A Belgrade il a visité le Stadion FK Voždovac qui a la particularité d’être construit sur le toit d’un centre commercial.
D’habitude, lorsqu’on cherche un rooftop c’est dans l’objectif de boire un verre, profiter d’une vue ou d’un coucher de soleil. A Belgrade, on peut y trouver des matchs de foot. Depuis 2013, le FK Voždovac évolue dans le plus haut stade d’Europe, niché à 34 mètres du sol, sur le toit du centre commercial du coin.
« De l’extérieur, impossible de voir le stade, à moins d’avoir une vue perçante… » Sacha est formel, trouver le stade du FK Voždovac relève du parcours du combattant. En vacances en Serbie avec un ami, il planifie la visite du stade Rajko Mitić. L’Etoile Rouge y affronte les Young Boys de Bern en barrage de Ligue des Champions. Mais le FK Voždovac joue également en championnat contre Mladost Lucani. « Je me suis dit, allez go ! Histoire d’ajouter un stade sur sur ma liste et de voir ce stade si particulier. » raconte le groundhopper. Débute alors un long périple pour atteindre l’atypique Stadion FK Voždovac.
« Même les gars de la sécurité ne savaient pas ou se trouvaient la billetterie. J’ai du demander aux policiers » sourit Sacha. Entre H&M et KFC, à l’accueil du centre commercial, il finit par obtenir le précieux sésame. « Les places étaient gratuites ! Je n’ai pas payé pour Vozdovac – Mladost Lucani. Après j’imagine que pour les gros matchs, ça doit être 2 euros environ. » Il faut savoir que le salaire moyen à Belgrade est d’environ 460€ par mois. « Pour Etoile Rouge – PSG il y avait des places à 120€ au marché noir, déplore Sacha. Mais les Serbes en général vont préférer manger des cailloux tout le mois et quand même aller au match !«
« Une fois dans le stade, tu déchantes très vite »
Après une inscription de rigueur sur une feuille, à l’ancienne : « nom prénom, numéro, heure d’achat. Pour le recensement j’imagine » précise Sacha, il ne reste plus qu’à atteindre les gradins. « Ensuite il faut sortir du centre commercial, faire le tour et de là on peut accéder au stade via un escalier très très caché. »
S’ouvre alors la vue sur cette enceinte de 5 200 places, aux normes de l’UEFA pour les coupes européennes. Un gazon synthétique presque logique vue l’étonnant support de la structure et tout ce qui se passe sous sa pelouse. « Une fois dans le stade, tu déchantes très vite. Alors oui c’est original, mais une fois que tu l’as vu… reprend Sacha. Le spectacle sportif est pauvre, pas d’Ultras, ou ils étaient peut-être cinq. » Sur le pré, les Dragons de Voždovac l’emportent 2 à 0, sans briller. « Mais le pire c’est que tu as d’immenses pilonnes qui maintiennent le stade. Sauf que quelque soit ta position dans les tribunes, tu auras toujours un poteau pour te gâcher la vue » regrette-t-il.
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Sans vouloir accabler le championnat serbe, Sacha ne regrette pas l’expérience : « Pour un match gratuit, franchement, c’est à faire. Tu peux dire ensuite que tu l’as fait. Il faut savoir qu’en Serbie le foot (le basket aussi) occupe une place intégrante. Les gens te parlent du match la semaine avant, se motivent, cherchent des places…«
La fille d’attente devant le Marakana pour acheter des places pour le barrage de LDC contre Young Boys. ©Sacha Tišić ©Sacha Tišić
« Malgré ça, le championnat est quasi déserté. Le niveau est faible, les places ne sont pas forcément données, et c’est toujours l’Étoile ou le Partizan qui gagnent. Donc forcement, ça lasse les gens » poursuit-il. En résumé, vous ne trouverez pas la même ambiance au Partizan et à l’Etoile qu’à Voždovac, mais le stade vaut le détour. « Niveau originalité on est en plein dedans, là-dessus, on n’est pas déçu. Le seul bémol c’est que personne, ou presque, ne sait comment rentrer dans le stade » conclut Sacha, hilare.
Questionné sur la mouvance ultra en Serbie, Sacha tient à remettre les pendules à l’heure : « Les Ultras serbes sont réputés pour se déplacer en masse, et souvent avec quelques échauffourées. Après franchement, tu peux aller voir un match là-bas tranquille, il ne t’arrivera rien. Il ne faut juste pas trop porter des fringues de Zvezda¹ ou du Partizan à Belgrade, en tant qu’étranger. Les serbes généralement sont très accueillants«
¹ Le Fudbalski klub Crvena zvezda est le nom complet de l’Etoile Rouge de Belgrade en serbe.
Vous pouvez retrouver Sacha sur @Fudbalski_Hram pour en apprendre plus sur le football des pays de l’est.
Pierre Caron