Hors "Big 5" européen, Vos stades

« Au stade Municipal de Braga, j’ai attrapé le vertige »

Au nord du Portugal, Alban, 23 ans a découvert le stade Municipal de Braga. L’enceinte du Sporting Braga, a la particularité d’être construite au coeur de la roche. Visite guidée d’un des stades les plus atypiques d’Europe.

Il y a des matchs qui marquent plus que d’autres. La réciproque est vraie avec les stades accueillant ces matchs. A l’aube de l’Euro 2004 au Portugal, les habitants de Braga voient naître les prémices d’un des stades les moins communs du monde. Imaginé par l’architecte, Eduardo Souto de Moura (qui recevra le prix Pritzker pour son travail), le stade nécessite le retrait d’une grande partie de la montagne, pour un coût de près de 85 millions d’euros. Ici pas de virages, ni même de « quart de virage », seulement deux tribunes se faisant face. Le tout pour 30 286 places assises.

Alban, originaire du Portugal par ses grand-parents paternels, a découvert le stade Municipal de Braga en 2007. Alors qu’il avait dix ans, il s’émerveille devant ce stade avec ses yeux d’enfant : « C’était une surprise, mon oncle et mon père m’embarquent avec eux prétextant qu’on va manger dans un bar, se souvient-il. Et puis on roule, on roule… J’ai un vague souvenir d’être garé sur le bas-côté de l’autoroute derrière une armée de voitures. » Isolé dans la banlieue de Braga, le stade se fond dans les montagnes, une quarantaine de mètres plus haut. « De notre place, on est assez loin du stade, mais je suis petit donc je ne vois pas au delà des voitures. Mais après quelques pas j’entends les prémices d’un bruit de foule. Le speaker du stade haranguait les sócios en criant ‘Braga, Braga’, on l’entendait depuis la route ! » Avec ces tribunes ouvertes, plus la falaise derrière les buts, le son résonne, appelant les retardataires à vite rejoindre leur place.

La vue (un peu floue) du stade depuis la route située quelques mètres plus loin. D’ici, l’ambiance à l’intérieur est déjà audible. © Alban/StadioVostro

Commence alors un périple pour atteindre son siège. Pour traverser d’une tribune à l’autre, il faut passer derrière l’écran géant, juché sur la falaise. « Quand tu arrives vers la bonne tribune tu te retrouves sur le toit du stade, décrit Alban. Mais forcément de ce côté tu vois une partie du terrain tout en bas. Je me suis approché et c’était tellement haut que depuis ce jour là j’ai le vertige, alors que je l’avais pas avant ! » Une histoire peu commune pour un stade définitivement hors du commun.

Une ambiance à deux vitesses

Pour sa première fois au stade Municipal de Braga (devenu aujourd’hui « Axa Stadium »), Alban profite d’une belle affiche contre le FC Porto. « Même sans être à l’intérieur, on sent l’ambiance monter, une ambiance assourdissante entre les fans de Braga qui s’insultent avec ceux de Porto » se souvient celui qui n’était qu’un enfant à l’époque. « Malheureusement j’y suis retourné plus tard pour un match contre Boavista, la fréquentation n’était pas du tout la même. Le problème au Portugal c’est que parfois les gens viennent au stade pour voir Porto, Benfica ou le Sporting Lisbonne, mais ils ne sont pas forcément là pour soutenir Braga » explique-t-il.

Une fois installé dans ces immenses tribunes pentues, la structure particulière du stade se révèle encore un peu plus. Les deux pans du stade sont maintenus par des grands câbles en aciers, suspendus dans le ciel portugais.

« L’inclinaison des tribunes offre une vue quasi-parfaite sur le jeu, reprend Alban. Même si les sièges et le reste des infrastructures en béton sont très classiques, ce n’est vraiment pas ce qui marque l’esprit. » L’absence de places derrière les gardiens obligent les supporters adverses à côtoyer ceux des Arcebispos, pouvant agrémenter des ambiances de feu. « Ce soir de 2007, Quaresma offre la victoire à Porto sur un coup-franc magnifique, à moins de dix minutes de la fin. Il a éteint les supporters de Braga qui chantaient, raconte Alban. Ceux de Porto se sont alors mis à les chambrer et pour se venger, les fans du Sporting ont arraché des sièges de leur propre stade pour leur balancer dessus. » Une preuve supplémentaire qu’en fonction de l’affiche, l’ambiance peut varier.


Depuis la première visite d’Alban en 2007, le stade a connu quelques modifications, faisant perdre ce petit côté aventure. « J’ai été moins impressionné la deuxième fois, parce que maintenant il y a des barrières et du grillage de sécurité pour éviter de s’aventurer sur le toit. Tu arrives directement près de la tribune et tu perds cette notion de grandeur qu’on avait en voyant le stade de loin. Tu ne ressens plus l’ambiance en approchant du stade et surtout, tu ne passes pas par la falaise. »

« Je recommande évidemment de faire ce stade au moins une fois, pour admirer l’architecture atypique. Mais je conseille d’aller voir un derby contre le Vitoria Guimaraes par exemple, pour être sûr d’avoir de l’animation. »


Pierre Caron

©Photo Une : @NUFC Twitter

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