Romain est un Toulousain de 29 ans. S’il suit évidemment le TFC, un autre club outre-manche lui a tapé dans l’oeil. Et pas n’importe lequel, le Fulham FC, mythique club londonien créé en 1879. Romain nous emmène à Craven Cottage.
« Next stop, Putney Bridge » la voix dans la rame de métro londonienne fait monter la pression. Nous voici plus proche encore du mythique Craven Cottage. Une fois arrivés à Putney Bridge, l’aventure commence. « Ce sont 15 merveilleuses minutes où on longe la Tamise tout en traversant de magnifiques petits parcs, bordés de maisons de style victoriennes typiquement londoniennes » décrit Romain, tombé amoureux du plus vieux club de Londres, le Fulham FC. Il poursuit : « Le tout en présence des supporters des deux équipes qui chantent forts, se chambrent et marchent ensemble, une vraie ambiance mais sans sentiment d’insécurité, c’est une fête.«
En se rapprochant petit à petit du stade inauguré deux siècles en arrière, en 1896, difficile de l’apercevoir au premier abord. « La façade de Craven Cottage est légendaire et quand on est dans la rue qui le longe, si on ne sait pas, impossible d’imaginer qu’un stade est là » confirme Romain. Il franchit pour la première fois les portes du Cottage en 2018, pour un match de Premier League contre West Ham United. Un derby londonien prometteur. « Quand on arrive devant l’entrée, l’atmosphère est toute particulière, sombre et fascinante, ça sent bon le steak et les frites, et tout le monde boit une bière dans la bonne humeur. Le tout sous le regard vainqueur de Johnny Haynes, le mythe local. On sent la tension monter. »

Le Old School n’a jamais aussi bien collé à une enceinte. Le foot moderne semble bien loin du parvis de Craven Cottage. Exit le stade imposant censé impressionner l’adversaire, le stade de Fulham fait 25 700 places. Exit aussi le confort recherché pour le spectateur lambda dans la plupart des « nouveaux stades ». « Ce qui est fou c’est quand on rentre dans le stade, il ne faut pas être gros, certains « turnstyle » sont très étroits et chacun d’entre eux est contrôlé par une personne dans une petite cabine » sourit Romain, rappelant les codes typiques du stade à l’anglaise. Avec ses briques rouges, Craven Cottage se fond dans la masse et surtout ne dénature pas le quartier.
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Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Craven Cottage fait partie de la « Grade II, listed building« , listant les bâtiments protégés du Royaume-Uni. Pour chaque rénovation, comme celle entamée en 2019 visant à détruire puis reconstruire la tribune Riverside, le propriétaire du club, Shahid Khan, a du obtenir une autorisation spéciale des autorités locales. « Grâce à cette protection, Craven Cottage est quasiment tel qu’il était il y a 100 ans. Un vrai voyage dans le temps » explique Romain.
« Craven Cottage ? Définitivement un must-see »
Une fois les étriqués portiques de sécurité franchis, le stade se dévoile. Un écrin centenaire, le seul de Londres dans lequel a joué le Roi Pelé. Dans un coin, trône un pavillon. Ce dernier a une histoire plus que singulière. Si ce ‘Cottage’ fait l’angle du stade, ce n’est pas un hasard. Le célèbre architecte de l’enceinte, Archibald Leitch, n’avait pas prévu de vestiaires dans les plans de son stade. Une bourde corrigée par l’implantation de ce bâtiment bien distinct. Et si vous pensiez que le « foot business » y changerait quelque chose, vous vous trompez. Aujourd’hui, en 2020, les vestiaires des joueurs y sont toujours.

« Ce que j’aime tout particulièrement c’est qu’aucune des 4 tribunes ne se ressemble, ce qui va être amplifié avec la construction de la nouvelle tribune, reprend Romain. En arrivant dans la tribune principale, il reste encore les sièges en bois qui datent du 19ème siècle ! Très inconfortables, trop étroits mais j’ai adoré, tout le monde est très proche, les supporters semblent être une grand famille. » Cet esprit de famille se ressent toutefois dans l’ambiance les jours de matchs. Les uns s’amusent à placer leur petit pari auprès des bookmakers, les autres savourent une bière, mais en tribunes, ils sont pour la plupart de simples spectateurs. « On ne va pas se mentir, l’ambiance ce sont les supporters adverses qui la mette, ça ressemble au Stadium, sourit le Toulousain, mais en plus Anglais quand même ! Mais Fulham c’est un quartier huppé de Londres c’est très familial, c’est pas West ham ou Milwall. »

Amoureux des stades à l’anglaise, comme Loftus Road ou Stamford Bridge, Romain n’est pas inquiet par la rénovation à venir. « Je vois ça plutôt d’un bon œil en fait ça va apporter de la modernité et de l’affluence sur une tribune qui n’étant pas particulièrement esthétique tout en préservant la partie historique du stade. Seule conséquence néfaste à venir, la flambée des prix possible qui m’inquiète un peu. Mais ça va être un lieu de vie magnifique. Et il en faut pour que je dise du bien d’un stade récent. »
Depuis ce Fulham-West Ham de 2018, Romain est retourné à Londres et à Craven Cottage plusieurs fois, pour y découvrir la Championship notamment. Lui qui a fait plusieurs autres stades, dans différents pays est catégorique : « Pour l’atmosphère, Craven Cottage est de loin le meilleur. Pour l’intérieur aussi, même si en étant honnête, il y en a des plus beaux rien qu’à Londres à l’intérieur. J’avais adoré la proximité de Loftus road et on a moins ça à Craven Cottage. Mais ça reste définitivement un ‘must see‘ ! Je pense qu’il fait partie des 5-10 stades les plus typiques du Monde. » Les supporters des Cottagers ne diront sans doute pas le contraire.
Pour résumer brièvement, Romain vous conseille absolument un passage à Craven Cottage si vous êtes de passage à Londres : « Il faut à tout prix y aller, c’est pas cher et c’est une vrai expérience anglaise, on plonge dans l’histoire instantanément et on revient avec pleins de photos et de souvenirs. Ce qui est frappant c’est la disponibilité et la gentillesse des personnes là bas (en Angleterre en général d’ailleurs), tout le monde t’aide sans avoir besoin de demander, et ils s’intéressent à toi, j’ai beaucoup échangé sur Toulouse, et notamment une écharpe avec un supporter de Fulham. »
Pierre Caron
Photo Une : ©Tony O’Brien, Reuters
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