Depuis l’éclosion de Kévin Gameiro, Samuel, 19 ans, supporte le FC Lorient. Ce groundhopper en devenir connaît parfaitement le Moustoir. Il nous dévoile les coulisses du stade des Merlus.
Nous sommes le 10 décembre 1967, il neige. L’équipe A de football de l’URSS se déplace dans une petite commune bretonne. Le demi-finaliste de la Coupe du Monde 1956 s’apprête à découvrir le stade du Moustoir, l’antre du FC Lorient. Dans cette affiche atypique les Merlus tiennent l’équipe soviétique en échec (0-0). Ce match, Samuel, supporter lorientais ne l’a évidemment pas connu. Mais il est de ceux qui forgent l’Histoire d’un stade.
« Il faut savoir que le stade a été ouvert en 1959, raconte Samuel. Après plusieurs rénovations, en 1998 et 2016, il ne manque qu’une belle tribune latérale pour qu’il soit parfait. » Fermée depuis juillet 2017, la tribune attend des rénovations espérées pour le retour en Ligue 1 cette saison. Cette tribune mise à part, le stade du Moustoir, malgré son âge a son charme : « On a Les Merlus écrit en noir dans une tribune et en face FC Lorient dans l’autre, les couleurs du club sont bien représentées avec le orange et le noir, souligne Sam. C’est important parce que j’ai pu voir d’autres stades où les sièges sont de toutes les couleurs…«
« La patte Gourcuff reste gravée »
La couleur des sièges peut être déterminante quand le stade sonne creux. Cette saison en Ligue 2, les Merlus comptaient une moyenne de 8 140 spectateurs par match. Pas scandaleux pour une capacité de 14 640 places (tronquée en raison de la fermeture de la tribune d’Honneur, le stade fait en théorie 18 970 places, ndlr) mais… « Le taux de remplissage augmentera avec le retour en Ligue 1, affirme Samuel. Le problème c’est que beaucoup viennent plus pour l’affiche que pour supporter Lorient. Ils aiment le FCL mais n’ont pas autant l’amour du club que les Stéphanois ou les Marseillais par exemple. »
Difficile de fédérer 15 000 personnes au stade dans une ville qui n’en compte que 57 000 sans son aire urbaine. Le spectacle proposé sur le pré, influe forcément sur la présence de monde au stade. Samuel se prend alors à rêver d’une nouvelle ère Gourcuff : « Lorient c’est souvent un jeu de possession ça passe devant certains jeu de contre ou d’attente pour moi. La patte Gourcuff reste gravée au Moustoir. »
S’il regrette le côté « un peu trop familial » dans les tribunes, Samuel croit au renouveau : « On a eu une petite éclaircie lors du derby contre Brest en Coupe de France où vraiment tout le monde était debout dans les 3-4 dernières minutes après le but de Wissa, cette ambiance là on ne l’avait pas eu depuis trois ou quatre ans ! » Les Lorientais réussissent ce jour le petit exploit de sortir le voisin brestois 2-1 après prolongations. De quoi réveiller le Moustoir, mais surtout mettre en avant le travail des Merlus Ultras et du Kop Sud FCL effectué depuis plusieurs années.
« Les Ultras font vraiment un taf énorme que ce soit pour les tifos, les déplacements, etc. Au début des années 2010, les supporters ne les prenaient pas au sérieux (d’après leur propos et je suis un peu d’accord avec eux). Mais depuis 2-3 ans je pense qu’on peut que les remercier car sans eux on entend les joueurs ça c’est sûr ! » reconnaît celui qui s’est promis de faire plus de déplacements avec eux la saison prochaine. « Un déplacement c’est spécial, mon premier c’était à Nantes et on jouait pour le maintien, donc on était à bloc » se rappelle-t-il.
Malgré plusieurs efforts consentis par le club, avec notamment une Fan Zone ouverte en 2019 aux abords du stade, Samuel n’attend qu’une chose, résoudre le problème « de la culture de supporter qui manque un peu à Lorient. Mon premier souvenir au Moustoir, je devais avoir 7 ou 8 ans, j’étais avec mon père et deux amis. C’était le 5-0 contre Boulogne sur Mer, c’était vraiment inoubliable. Je n’ai pas connu l’épopée de 2002, en coupe et ça j’aimerai beaucoup le vivre avec mon club. »
S’il aimerait y rajouter quelques graffitis à l’effigie du club et des groupes ultras, Samuel apprécie le stade du Moustoir. Il tient quand même à rappeler le nom officiel du club : Le stade Yves-Allainmat. Enfin en plus de souligner le travail des Ultras, il tient à remercier « l’accueil des stadiers qui est top aussi » et donne rendez-vous aux autres clubs bretons en Ligue 1 la saison prochaine.
Pierre Caron